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- bouée, mer, espoir, sombrer, folie, destin
Trouver une bouée est bien inutile quand on dérive au coeur d'une mer infinie. Mais on s'y accroche tout de même, car ainsi est fait l'humain: on se cramponne au moindre espoir, faisant fi de toute fatalité. Même voué à l'épuisement et à la noyade, au centre d'un océan, on fixe l'horizon dans l'attente d'un quelconque signe salvateur. On se focalise sur la moindre lueur, même perdu au milieu des plus insondables ténèbres.
L'espoir est un battement d'ailes qui fatigue l'esprit et use les nerfs. Fils bâtard de l'instinct de survie humain, il intervient aussi pour des problèmes typiquement humains, comme lorsque la conscience se trouve au bord de l'abîme. Face au mal de vivre, l'espoir draine l'énergie et sécrète l'amertume...
On vérifie pour la énième fois en vain le répondeur, même si jamais le téléphone n'a sonné, espérant y trouver ce message annonçant simplement... « Bonjour! Ici l'Univers, nous avons votre dossier entre les mains, nous avons des projets pour vous, s'il vous plaît rappelez-nous dans la matinée... ».
Et en proie au délire, noyé dans le spleen par un soir d'hiver, on tend l'oreille, attentif au moindre bruit, espérant voir le Destin se présenter à la porte. Aie-je entendu frapper?
On fixe des heures durant le coin de la rue, convaincu d'y voir surgir d'un moment à l'autre la Providence, venant à notre rencontre les bras ouverts et déclarant... « Viens avec moi... Tout va bien aller maintenant... ».
... Selon le contexte, l'espoir est un ami qui nous veut du mal, ou un ennemi qui nous veut du bien. Mais toujours on se laisse abuser, manipuler, jusqu'à déformer la réalité. L'espoir consume le malheureux plus que le malheureux ne consume l'espoir. Et l'espoir meurt rarement le premier. Mais la souffrance demeure.
Trouver une bouée est bien inutile quand on dérive au coeur d'une mer infinie. Mais on s'y accroche tout de même, et on fixe le large, jusqu'à ce que la folie nous fasse sombrer pour de bon.