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- chat, sorcière, formule, magie, fiction, transformation
Quand je me transformais en chat, c'était comme si je me dépouillais de tout le superflu, de ces longues jambes maladroites, de ces ridicules bras chétifs. J'avais la sensation d'avoir été concentrée, réduite au strict nécessaire, de ne même plus être constituée de chair et d'os.
J'avais la sensation d'être faite d'acier liquide. Je n'éprouvais pas la peur de la musaraigne, et non plus la totale assurance de l'aigle.
C'était différent. Il y avait de la peur bien sûr. Mais sous la peur, il y avait de l'assurance. Le chat savait qu'il avait des ennemis partout. Mais il savait également qu'il était capable de faire face. Je me sentais... dure. Voilà le bon mot, dure!
J'étais indépendante. J'étais entière. Je n'avais besoin de rien hormis de moi-même. Une condition bien solitaire aux yeux de mon moi humain mais, en même temps, tout cela baignait dans une profonde sérénité.
Quand mes amis me demandaient à quoi ça ressemble, je répondais presque toujours de la même façon:
"C'est comme... Vous savez dans ces vieux films de cow-boys avec Clint Eastwood? Où c'est un roi de la gachette, et quand il entre dans le saloon, tout le monde s'écarte sur son passage. Parce que même s'il ne cherche pas vraiment la bagarre, on comprend qu'il vaut mieux ne pas l'énerver. C'est à ça que ça ressemble. C'est comme si j'étais Clint Eastwood."