- Art
- Brassens, Champs, Misère, Mort, Mélancolie
Avec une bêche à l'épaule,
Avec à la lèvre un doux chant,
Avec à l'âme un grand courage,
Il s'en allait trimer aux champs…
Pour gagner le pain de sa vie,
De l'aurore jusqu'au couchant,
Il s'en allait bêcher la terre
En tous les lieux, par tous les temps…
Pauvre Martin, pauvre misère,
Creuse la terre, creuse le temps
Sans laisser voir, sur son visage,
Ni l'air jaloux ni l'air méchant,
Il retournait le champ des autres,
Toujours bêchant, toujours bêchant…
Et quand la mort lui a fait signe
De labourer son dernier champ,
Il creusa lui-même sa tombe
En faisant vite, en se cachant…
Pauvre Martin, pauvre misère,
Creuse la terre, creuse le temps
Il creusa lui-même sa tombe
En faisant vite, en se cachant,
Et s'y étendit sans rien dire
Pour ne pas déranger les gens…
Pauvre Martin, pauvre misère,
Dors sous la terre, dors sous le temps!
L’humain n’en serait certainement pas où il est si ce n’était de ses mains. La main humaine est un très ancien legs de nos ancêtres primates arboricoles, qui s’en servaient pour sauter d’un arbre à l‘autre. Ce qui est intéressant, c’est qu’un outil aussi formidable ait changé d’utilité au cours de l’évolution, alors que nos ancêtres quittèrent la jungle pour les plaines.
La main est d’une polyvalence extraordinaire, elle sert d’outil, d’arme et d’émetteur communicatif. Elle peut serrer, pincer, frapper, saisir, griffer, pétrir, tâter, contenir, caresser, etc etc...
Quatre doigts à triples articulations et un pouce opposable (le pouce opposable quelle merveille!). Rotations partielles combinables sur 3 axes : bascule avant-arrière, bascule légère gauche-droite, et rotation horizontale (assumée en réalité par l’avant bras).
Les empreintes digitales et les lignes de la main sont de petites marques distinctives sculptées de façon unique par chaque être, et qui laissent place à toutes les rêveries. Il y a de la magie dans les mains humaines, ça ne fait aucun doute.
Quand j'étais petit Malone et maladroit comme toujours, on me disait devant les choses précieuses, que je ne pouvais les toucher qu'avec les yeux... Mais j'ai grandi pour un jour comprendre qu'il pouvait être bon de pouvoir aussi les voir avec les mains...
Extrait L'empire des anges, B. Werber
Mes soeurs me poursuivent jusque dans la chambre des parents. Puis elles tentent de me saisir dans la buanderie, mais je leur échappe en me faufilant entre leurs jambes. Je m’affole. Où me cacher? Une idée me vient. Je m’enferme dans les toilettes. Pour plus de sécurité, je pousse le verrou. Elles tapent contre la porte, mais je ne crains rien, elle est solide. Dans cette salle de bain, je me sens comme dans une forteresse tandis qu’elles frappent de plus belle. Tout à coup elles s’arrêtent. Dehors ça discute.
- Que se passe-t-il? demande papa.
- Y a que Jacques s’est enfermé dans les toilettes, piaillent mes soeurs.
- Dans les toilettes? Mais qu’est-ce qu’il fiche là-dedans, s’étonne mon père.
Et c’est alors que je suis saisi d’une inspiration. Je prononce la phrase que dit toujours papa lorsqu’il veut être tranquille aux W-C et qui agace maman:
- Je lis un livre.
Silence derrière la porte. Je sais que dans la maison le mot livre suscite immédiatement le respect.
- Alors, on fait sauter la porte? demande l’une de mes soeurs.
Suspense. Puis j’entends papa grommeler:
- S’il est aux toilettes pour lire un livre, il faut le laisser.
Une leçon s’inscrit dans ma tête. Quand plus rien ne va, tu t’enfermes dans la salle de bain et tu lis un livre.
Et moi c’est un peu ainsi que j’ai décidé que peu importe où j’irais, je devrai toujours avoir un livre à portée de main. Ainsi j’ai décidé que peu importe le clapier que je me creuserais, j’y dédierai un coin feutré consacré à la lecture. Que je ne chercherais le sommeil qu’après avoir lu ne serait-ce que quelques lignes.
Les livres sont des amis vagabonds. Ils sont des friandises pour l’esprit. Ils permettent à la fois de s’ouvrir sur le monde et de se réfugier en nous même. Comme les yeux, ils sont à la fois miroir et fenêtre.
Je n’aurai pas assez d’une vie pour lire tout ce que je veux lire. Mais j’ai choisi d’adopter l’attitude quelque peu candide de vouloir essayer quand même.
La lecture est l’un des plus cadeaux qu’on puisse me faire. Elle appelle à la découverte et à l’échange. Aborder le thème des livres avec quelqu’un est ma façon personnelle de lui offrir mon amitié. Et quiconque m’abordera avec ce même thème, peu importe le contexte, trouvera en moi un interlocuteur ouvert et bienveillant.
Socrate marchait dans les rues d’Athènes. Il rencontra par hasard un vieil ami qu’il n’avait pas vu depuis longtemps. Celui-ci lui présenta son fils. Devant le regard lumineux du jeune homme, dont les yeux semblaient prêts à absorber le monde entier, Socrate lui demanda:
- Dis-moi mon garçon, que sais-tu?
Ne comprenant pas trop le sens de la question, le garçon secoua la tête en haussant les épaules. Socrate interpréta sa réponse avec un sourire amical :
- Ah, tu ne sais rien… donc tu sais tout! Si tu sais que tu ne sais rien, crois-moi, tu détiens la base de toutes connaissances.
Socrate salua son ami et son fils et reprit son chemin.
Que pourra-t-il les sortir de leur torpeur?
Dans cette seconde tu m'as souri,
je t'ai trouvée belle à mourir
Peut-être aurais-je pour te le dire
un prochain soir, dans cette vie...