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Novembre

- Art

- poésie, novembre, saison, oiseau

Captif de l'hiver dans ma chambre
Et las de tant d'espoirs menteurs,
Je vois dans un ciel de novembre,
Partir les derniers migrateurs.

Ils souffrent bien sous cette pluie ;
Mais, au pays ensoleillé,
Je songe qu'un rayon essuie
Et réchauffe l'oiseau mouillé.

(François Coppée "Novembre" - recueil "Les mois")

oiseau hiver

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proportio corpus

- Sciences - Histoire - Art

- corps, proportion, Da Vinci, anatomie

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Les dimensions données à l'homme par la nature s'agencent de la façon suivante: 4 doigts font une paume et 4 paumes font un pied, six paumes font une coudée, 4 coudées font une hauteur d'homme. 
(Vitruve)

vitruveSi tu écartes tes jambes jusqu'à réduire ta taille d'un quatorzieme et si tu ouvres tes bras jusqu'à hauteur de la tête avec tes majeurs, sache que ton nombril sera le centre du cercle formé par tes membres étendus et l'espace entre tes jambes formera un triangle équilateral.

De la naissance des cheveux au bas du menton, il y a 1/10 d'une hauteur d'homme, du bas du menton au sommet de la tête, il y a 1/8 de sa hauteur, du haut de la poitrine à la naissance des cheveux, il y a 1/7 d'hauteur d'homme. Des mamelons au sommet de la tête, il y a 1/4 d'hauteur d'homme. La plus large mesure d'une épaule à l'autre represente 1/4 de la taille de l'homme. Du coude à la pointe du majeur, il y a 1/5, et du coude à l'épaule il y a 1/8 de la hauteur d'homme.

La main tout entière constitue 1/10. L'entrejambe est le milieu du corps. Le pied est le 1/7 de l'homme. De la plante du pied au point juste sous le genoux, il y a un 1/4 d'hauteur de l'homme. De ce point à l'entrejambe, encore un 1/4. La distance entre le début de menton et le nez et entre la naissance des cheveux et les sourcils est la même. 

(Les carnets de Léonard de Vinci)


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Le prof de philo

- Philosophie

- chaise, prof, cours, école, classe, existence

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Un jour le prof de philo, personnage désagréable dans son genre, débuta son cours en prenant sa chaise à bout de bras et en la laissant tomber bruyamment sur le dessus de son bureau. Tout le monde sursauta, bien qu'habitué aux excentricités du professeur. Celui-ci, fixant l'auditoire, s'écria:

- Bien! Puisque je pense voir dans vos yeux de limaces dégénérées une vague lueur de lucidité, allez-y! Prouvez-moi que cette chaise existe!

Silence dans la salle, quelques toussotements gênés, têtes basses... Le prof nous fixait avec un petit sourire narquois... Trois minutes interminables passèrent, et tous savaient que le malaise durerait jusqu'à ce que quelqu'un ose quelque chose.

C'est alors qu'une jeune fille au fond de la classe se leva, fixa le prof et dit...:

- Hein? Quelle chaise?

 

solitude chaise


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Carrière

- Philosophie - Art

- peinture, victorien, carrière, travail, économie

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Soyez toujours intéressé à votre carrière,
si modeste soit-elle,
c'est une véritable possession
dans les prospérités changeantes du temps.

luke fildes

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 


- Luke Fildes - Applicants for admission to a casual ward

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Cronos

- Art

- temps, cronos, mort, personnage, travail

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blood

Cronos

Imaginé lorsque j'ai quitté le travail en usine pour le travail de bureau

 

 

Les tulipes inondaient la plaine, et le soleil s'était figé au midi. La brise légère balayait l'herbe, mais les quelques nuages ne bronchaient pas. L'odeur de la forêt me parvenait de l'horizon, emportant subtilement le bruissement des feuilles. Chaque élément grossier du décor se voyait atténué, et chaque délicatesse se rendait plus perceptible à mes sens. Tout ne restait que douceur.

Et puis l'alarme retentit. Je ne suis pas personnage ni comédien, et pourtant le décor ne s'effrite que pour laisser place à un autre. C'est le branle-bas de combat dans mon cerveau. Est-ce que je m'endors, ou bien je me réveille? D'un clairon strident et intermittent, il sonne ma retraite de ces étendues paisibles. "Ta gueule Chronos!" que je hurle intérieurement. Je l'assomme d'un coup de snooze, sachant bien que le titan ne m'oublierait pas pour autant. Je suis en retard et il le sait. Ses yeux rouges indiquent 8:30AM.

Le clairon de mon cadran sonne de nouveau, mais je suis déjà dans la douche. Puis c'est le téléphone qui poursuit d'un son plus cinglant. C'est la job qui appelle mais je peux pas répondre, je suis déjà devant le bus. Je regarde à peine le chauffeur et il me le rend bien. Où suis-je déjà? Ah oui... Il faut que je m'assoie, je suis étourdi. Le bus c'est l'enfer, on doit l'attendre sinon il faut attendre le suivant, et pour sur, le suivant se fera attendre.

L'allée empeste, le stress et bien d'autres choses. Je rêve encore à mon auto quand je franchis le seuil de mon bureau. Quelques reproches puis quelques excuses, me voilà oubliant des dossiers, aveuglé par d'autres dossiers, aveuglé par leurs écritures rouges "URGENT!".

J'ai chaud malgré la climatisation, je dois être malade. Mes collègues s'affairent et ne voient pas mon teint de neige. Je vais vomir, mais le téléphone me retient. Une engueulade rapide et la ligne qui coupe. Qu'est-ce que je disais déjà? Ah oui, je suis malade. Inutile de vomir, le mal qui me ronge restera en moi. Nouvelle sonnerie, je ne veux pas, je ne veux plus, je veux retourner chez moi. Nouvelle sonnerie, je mets mon desespoir dans le tiroir et réponds. Mon auto est réparée, je dois aller la chercher dès ce midi. Le garagiste est un brave type, mais il finit à 5h, un peu comme moi. Je fais couler le café, mais je n'ai pas le temps d'y gouter. C'est l'heure de diner, c'est le moment d'aller chercher le char. Pas le temps de manger, je dois partir tout de suite. Quelle chance qu'un repas soit si facilement déplaçable.

Encore le bus et la nausée, puis le garage m'accueille. J'encaisse le coup de la facture et je suis de nouveau sur le bitume. Libre et vivant, sur les artères bouchées. Ça n'avance pas mais je suis maître de ma ferraille.

Enfin ça débouche et c'est parti. Est-ce moi qui avance à 100 ou le monde tourne au ralenti? Oui, tout défile et tout se brouille, je suis encore en retard. Qu'est-ce qui m'attend? L'asphalte défile et un petit garçon sort d'une voiture rouge. Je vais trop vite et je l'écrase, puis je m'arrête, la lumière est rouge. Tout est rouge donc, ou est-ce le sang dans mon pare-brise? Qu'est-ce que j'ai fait, j'en suis plus certain, je croise le regard d'une mère tétanisée. C'est vert je redécolle.

Je tourne à droite puis à gauche, mais que je suis gauche! Y fallait aller tout droit. Je change de cap maladroitement et tourne sur ma droite, même si j'ai pas le droit...Je suis en retard.

Je suis encore étourdi quand je franchis le seuil de mon bureau, le boss est là et me congédie. Je me souviens soudain des appels oubliés et voilà le téléphone qui sonne. Je réponds machinalement, mais il n'y a que la tonalité. Quelle folie. Mes collègues s'affairent et ne voient pas mon teint de neige. Je reprends mon désespoir dans mon tiroir et je file, croisant celui qui me remplacera.

Je suis pas un personnage, ceci ne peut être une histoire. Tout s'inscrit trop vite, même pour une main divine. Je ne peux être réel, ceci ne peut être ma vie. Tout défile trop vite pour mon cerveau déconfit.

Je reprends mon auto qui, il me semble, n'avait pas de rouille sur le capot au garage. Sur la route une fois de plus, je crois devenir fou, je voudrais aller chez moi, mais je crois avoir oublié ce que cela veut dire. Je ferme les yeux pour me reprendre, ce qui me fit perdre le contrôle de mon char.

Quand j'ouvre les yeux, je vois une porte. Celle du paradis? Non... Celle du Repis Piano Bar. J'ouvre et j'entre. Odeur de tabac froid, ambiance chaleureuse, banquette et table carrée, comptoir et tabouret. Billard et alcools en tout genre, discutions animées mais discrètes, jolies femmes et gentils hommes. Tout est à la fois élégant et simple. Là, un pianiste joue des mélodies douces, accompagné d'un percussionniste qui est hors de ma vue. Cette scène aussi banale qu'extraordinaire pétrifie mes sens, puis les détend, comme un baume chauffe une plaie avant de l'apaiser.

Je m'avance tranquillement et vais m'assoir sur une banquette. Je ressens le confort. La musique s'écoule en mes oreilles comme venue d'une oasis, et mon ouïe se sustente comme jamais. Le piano et le tambour que je cherche en vain forment le plus parfait des couples. J'ai à peine remarqué l'homme en face de moi. Il a des yeux très pâles et un air bête, toujours ahuri, avec un sourire de bébé. Il me dit quelque chose et je comprends qu'il est schizophrène. Je m'en moque, car en ses yeux je remarque une image, un sentiment, quelque chose que seul un tableau de Dali ne saurait démontrer. Je vois dans les yeux du malade mental des horloges, des cadrans, tous mous et tous gluants, flotants au vent ou dégoulinants sur la chaussée. Le temps n'y est plus froid, insensible et immuable. Il n'est plus au-dessus de nous, ni absolue en ces terres...Non, le temps y est mon égal. Je comprends alors pourquoi je ne vois pas de percussionniste: les sons de tambours sont le battement de mon coeur. Le schizophrène se mit à rire tandis que, d'un air incrédule, je ressens et entend mon coeur battre. Je ne suis pas un personnage, ni même une bande dessinée. Je le sens dans ma poitrine. Et si vivre n'était que ceci, prendre conscience des battements de son coeur et vivre au rythme de celui-ci plutôt qu'à celui de la trotteuse. Je suis ivre de révélations, ce qui rend mon nouveau compagnon hilare. Je n'entends ni ne vois la voiture rouge entrer en folle dans le stationnement.

Je plane toujours quand la porte ouvre en fracas. Je sursaute comme tout le monde et cherche la cause de ce raffut. Une dame là-bas crie d'une voix chargée de haine. "Où est-il! J'ai vu son char dans l'parking, Y'a du sang sur son capot! Du sang d'mon fils!" Elle me vit de loin, et moi je revis certains passages de la journée qui m'avait échappé. Étrangement je ne bronche pas, je reste stoïque. La femme s'avance à grands pas, sortant un revolver. Son visage n'est qu'une masse difforme et rouge. Jamais je ne me suis senti aussi seul. Je ne suis pas une création, aucun écrit ne me guide. Deux coups partent et je les attends. Je mourrai de la façon dont j'ai vécu, dans la vitesse et l'attente. Je ne suis pas un personnage ni même comédien. Aucune main supérieure, aucun scénario ne me sauvera. Aussi sentis-je très bien les balles m'exploser la poitrine et crever le coeur que je sentais battre pour la première fois trois minutes plus tôt. Je ne suis pas un personnage, ni même un pantin, et je ne suis plus réel. Je ne suis plus rien.

 


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Certes, un rêve de beignet, c'est un rêve, pas un beignet. Mais un rêve de voyage, c'est déjà un voyage.

Marek Halter